PROJETS

 

Ensemble de projets réalisés en :

photographie

Usine Legré-Mante
Lumière des Maures

sculpture

Bad Wall-e

forge

Lame des Maures


photographie


 
 

urbex : usine legré-mante

d'une démarche artistique au témoignage

 
 
 

Chef-machiniste cinéma depuis 35 ans, j'ai toujours été au service technique de l'image. Par ailleurs passionné de photographie, j'ai pu, tout au long de ma carrière, grâce à la confiance des différents producteurs avec qui j'ai travaillé, être photographe du plateau et ainsi engranger des milliers de clichés, mémoire visuelle des techniciens. (Mon expérience m'a permis d'être photographe de plateau notamment lors du tournage de Séduit et abandonné avec Alec Baldwin).

Intermittent du spectacle, donc, mon temps libre me permet de m'adonner pleinement à ma passion en dehors même de mon travail. Résidant à Nice, j'ai ces dernières années dû déménager temporairement à Marseille et rechercher de nouveaux sujets photographiques. C'est ainsi que j'ai découvert l'urbex et le passé industriel de la ville. Séduit par la perspective artistique et l'attrait esthétique des friches industrielles des mines de plomb, j'ai entamé une véritable aventure photographique et humaine sur le site de Legré Mante au Montrose.

L'usine de Legré Mante est usine d'acide tartrique, bâtie au milieu du XIX° siècle, produisant à l'origine du plomb et installée en périphérie de la ville pour des raisons évidentes de pollution. Elle s'étend sur 17 hectares, comporte 14 000 m² de bâtiments. Les structures sont restés en l'état et on y retrouvait il y a peu de temps jusqu'aux effets personnels des ouvriers. Symbole même d'une fermeture brutale il y a une dizaine d'années, le site n'a jamais été dépollué (voir chiffres donnés sur www.laprovence.com).

Ce sont tout d'abord les multiples facettes esthétiques que propose le site qui m'ont attiré. Un lieu riche à la fois par son architecture, ses grafs, ses natures mortes, ses sujets humains au hasard des rencontres. Autant de possibilités de prises de vues diverses.

Aussi, photographiant l'usine avec assiduité pendant ces quatre dernières années, je me suis rendu compte que le terrain de jeu favori des enfants du quartier était en fait une véritable bombe à retardement. Je me suis donc documenté sur internet sur le passif industriel de ce lieu et des associations travaillant à la protection de ce quartier.

De manière intuitive, en parallèle à mon travail artistique, je me suis mis à photographier l'état du site dans son ensemble et sa constante évolution au fil des mois.

Jusqu'à ce jour de mai où j'ai constaté la démolition en catimini d'une partie de l'usine. Des cuves disparues, des traces d'engin, sans aucun permis de démolition, et surtout sans aucune sécurisation du site et des riverains. En moins de six jours, un cinquième de l'usine a été démantelé.

Il m'est apparu alors essentiel, conscient des conséquences de cette démolition sauvage sur la santé des habitants du quartier et sur l'environnement, de contacter une élue régionale pour lui apporter mon témoignage. Très rapidement ma démarche d'alerte a été entendue et relayée auprès des différentes associations et groupes politiques déjà engagés dans ce combat lors d'une réunion en présence de la presse locale. Lors de celle-ci, la présentation de ce dossier photographique leur a permis de visualiser l'étendue de la dégradation du site, de sa démolition sauvage et des preuves flagrantes de sa pollution.

Je tenais ainsi à vous faire part de cette aventure qui a débuté par une recherche artistique et esthétique et qui s'est transformée en démarche citoyenne par le moyen de la photographie.

 
 


 
 

photographie


 

lumière des maures

Photo d’une cistude au lac des Escarcets dans la plaine des maures
 

Lieu extraordinaire par sa diversité biologique, le massif des Maures et plus particulièrement la plaine des Maures se prête admirablement à la pratique photographique. Le mistral qui balaye régulièrement le site donne des lumières de rêves, quant aux couleurs, elles passent par toutes les touches de la palette.

Pour un amoureux des tortues c’est le lieu idéal, on y trouve, pour qui sait s’en donner la peine, la tortue terrestre Herman et l’aquatique, la Cistude. Mais cela ne se limite pas à cela, on y croise toute la faune que compte le sud de la France.

Une des particularités de ce lieu c’est entre autres sa formation géologique très spécifique, l’été, malgré des chaleurs dignes de régions africaines, subsistent de nombreux points d’eau qui attirent et concentrent la faune de tous poils ou écailles. En raison de la végétation très typée, on y trouve des cactées, de l’orchidée, tout types de champignons…

C’est un petit miracle que subsiste en France un tel lieu, il est important d’en prendre conscience et de le protéger. Bien qu’il soit classé en Parc naturel, cela n’a pas empêché l’installation d’une gigantesque décharge à ciel ouvert sur sa bordure. Je ne peux m’empêcher de préciser qu’il est évident que ramasser une tortue est à proscrire. On en trouve sur le net qui proviennent d’élevages contrôlés. Pour une première visite, je conseille de se rendre au lac des Escarcets, quelles que soient les conditions il y a toujours quelque chose à voir ou à photographier. C’est un point de départ idéal.

 
 


sculpture


 

bad wall-e

 

Petit robot post-apocalyptique en buis sculpté à la main. L’œil est composé de corail rouge et de corne de buffle. Technique de sculpture utilisant le bois, matériau naturel d'origine végétale. Inventé par Jean Dubuffet (1901-1985) en 1945, l'idée est de créer des œuvres au graphisme primitif ne tenant compte d'aucune référence académique. Il conseillera également de « dessiner comme un enfant » et encourage les artistes autodidactes. La sculpture est une activité artistique qui consiste à concevoir et produire des formes en volume, en relief, soit en ronde-bosse (statuaire), en haut-relief, en bas-relief, par modelage, par taille directe, par soudure ou assemblage. Le terme sculpture désigne également l'objet résultant de cette activité.

 
 


Forge


 

l’âme des morts,
lame des maures

 

La plaine des Maures, lieu magique s’il en est, véritable condensé de diversité animale et végétale, m’a toujours fasciné. Située à quelques kilomètres de la mer elle occupe une position très particulière, protégée du climat marin par le massif éponyme, elle bénéficie d’un ensoleillement maximum. Son sol composé en partie de dalles de grès rouge et de sédiments sableux à la particularité de ne pas retenir l’eau qui pourtant se retrouve dès la moindre pluie dans tous les petits cours d’eau qui la sillonnent.

On n’y trouve de grandes étendues de lichens et des tapis de fleurs suivant les saisons.

J’ai commencé à la parcourir il y a bien des années pour observer et photographier un de ses habitants emblématiques ; la tortue d’Hermann.

J’ai appris à la connaître en la parcourant de long en large une dizaine de fois par an tout au long de l’année.

Au fil du temps, j’ai retrouvé les traces de diverses occupations humaines qui y ont eu lieu : des canaux d’irrigation taillés à même la roche pour récupérer cet or liquide, plus loin une pierre tombale taillée, préparée et laissée sur place pour une raison inconnue, les traces de forage d’une époque où l’on cherchait ce que l’on pouvait y exploiter, l’uranium par exemple.

Au hasard de mes pérégrinations j’ai trouvé des éclats d’obus, de différentes tailles, pour la plupart ayant explosés. Le plus gros mesure près d’un mètre, il a été désamorcé après-guerre puis abandonné sur place.

Curieux de nature, c’est peu de le dire, j’ai cherché à comprendre la raison de la présence de ses artefacts en ce lieu.

Le débarquement en Provence (Anvil, enclume), devait à l’origine avoir lieu en même temps que celui de Normandie (Overlord). Faute de péniches de débarquement disponible, il n’a eu lieu que le 15 Août.

La flotte du débarquement, rebaptisée Dragoon, se compose de 2200 bâtiments dont 850 navires de guerre.

En moins d’une demi-heure,1300 bombardiers lâchent 8000 tonnes de bombes.

L’armada alliée tire près de 16000 obus de gros calibre sur les défenses allemandes.

Au côté des alliés 260 000 Français sous le commandement du général Jean de Lattre de Tassigny participerons à l’opération... le 19 Août 44 les Allemands reçoivent l’ordre de se replier.

J’ai ramassé un de ces éclats particulièrement évocateur, j’ai immédiatement ressenti toute la violence de ce petit bout de métal dans le creux de ma main et les paroles de mon grand-père me contant ce qu’il avait vécu durant le conflit me revenaient à l’esprit.

Je l’ai ramené et posé sur mon bureau où il est resté de longues années. Je savais qu’il me fallait en faire quelque chose, le réutiliser, le métamorphoser pour qu’il perde cette aura de mort mais sans le dénaturer pour autant.

Et puis un jour j’ai pensé à ces quelques mots :

« Il subsiste toujours sur les champs de bataille le souvenir de l’âme des morts » … « Lame des Maures ».

Ce fut une évidence, pour moi qui ai forgé des couteaux pendant plus d’une quinzaine d’années… « Lame des Maures ».

Je forgerai un couteau avec l’un de ces éclats en hommage à ceux qui ont combattu pour notre liberté.

J’ai découpé un demi obus pour en tirer un barreau d’acier.

De la forge, du feu et du vent est née la Lame des Maures.

À la base de chaque obus, se trouve un anneau de cuivre ou de laiton qui sert à lui donner sa précision. Je les ai dessertis et fondus dans un creuset pour obtenir la garde et le pommeau. Pour le manche -c’était tellement évident- ce sera du cade ou genévrier, ce bois magique aux senteurs de Provence.

Mais quelle serait l’utilité de cette création si elle devait rester au fond d’un tiroir ?

Cet éclat ne m’appartient pas. Il ne m’appartient plus. J’ai été l’alchimiste et je vais le remettre en terre là où je l’ai trouvé ; il sera logé dans une capsule temporelle et ainsi protégé, doucement, le temps fera son œuvre.

Après plusieurs années de gestation, le projet L’âme des Morts est enfin arrivé à son terme. L’éclat d’obus a été forgé puis placé dans une capsule temporelle, elle-même déposée sur site. Ce travail a donné lieu à une vidéo que l’on peut consulter sur ma chaine YouTube :